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رد: Moliere le patron de la comedie francaise
L'École des femmes(Moliere)
ARNOLPHE, autrement M. DE LA SOUCHE.
AGNÈS, jeune fille innocente, élevée par Arnolphe.
.- Acte I - Arnolphe, aussi appelé M. de La Souche, est un homme d’âge mûr qui aimerait jouir du bonheur conjugal, mais il est hanté par la crainte d’être trompé par une femme. Aussi a-t-il décidé d’épouser sa pupille Agnès, élevée dans l’ignorance, recluse dans un couvent. Il fait part de ses projets à son ami Chrysalde, qui désapprouve la façon dont la jeune fille a été tenue à l’écart des réalités. Horace, fils d’Oronte (un autre ami d’Arnolphe), est tombé amoureux d’Agnès au premier regard ; il se confie à Arnolphe dont il ignore le rôle de tuteur, lui avouant qu’il a fait sa cour et raillant le personnage de M. de La Souche. Ce dernier en conçoit de l’amertume.
- Acte II - Alain et Georgette, les serviteurs, sont réprimandés pour avoir permis à un jeune homme de rencontrer sa pupille. Arnolphe interroge Agnès afin de savoir ce qui s’est passé lors de cette entrevue, et la teneur de leurs propos. Il est rassuré par le récit qu’elle lui fait, sa réputation n’a pas été entachée, mais il décide de précipiter le mariage. Agnès, croyant que son futur mari est Horace, lui exprime sa gratitude, mais le barbon la détrompe sans ménagement.
- Acte III - Arnolphe inculque à sa future épouse les rudiments des devoirs conjugaux, sans oublier les terribles effets de l’infidélité. Agnès semble se résigner à ce triste avenir. Horace rencontre le tuteur qui savoure déjà la déconvenue du jeune homme : les serviteurs lui ont refusé une nouvelle visite, et la belle l’a renvoyé en lui lançant une pierre ... à laquelle était jointe un mot d’amour. C’est Arnolphe qui enrage, obligé de reconnaître sa jalousie, et donc son amour ; et il aimerait être aimé en retour.
- Acte IV - Arnolphe, plus que jamais déterminé dans ses projets, donne des instructions drastiques à ses serviteurs, ils doivent refouler le jeune prétendant à coups de bâton. Nouvelle rencontre entre le tuteur et le galant, celui-ci lui apprend qu’il a réussi à s’introduire dans la maison, mais que l’arrivée impromptue de M. de La Souche, a obligé Agnès à le cacher dans une armoire. En outre, il lui confie qu’il a un rendez-vous pour le soir même et qu’il projette d’enlever la jeune fille. Ainsi renseigné, Arnolphe appelle son notaire pour la rédaction du contrat de mariage et se prépare à piéger son rival.
- Acte V - Le traquenard a bien fonctionné, Horace a été roué de coups par les deux serviteurs, et il n’a d’autre choix que de faire l’assommé. Agnès s’est enfuie et a rejoint son amant, ne voulant retourner chez son tuteur. Horace, toujours ignorant de l’identité du tuteur, demande à Arnolphe d’héberger et de protéger la jeune fille. Le barbon triomphe, mais elle ignore superbement son discours exalté. Entrée d’Oronte, le père d’Horace, il veut unir son fils à la fille de son ami Enrique, de retour des Amériques, après un long séjour. Horace demande l’aide d’Arnolphe qui lui dévoile ironiquement son identité. Coup de théâtre, il s’avère qu’Agnès est la fille d’Enrique ; les amants vont pouvoir unir leurs destinées, au grand désespoir de l’ex-tuteur. Le dernier mot de celui-ci est : « Oh ! » (vers 1744).
:SCÈNE II du troisieme acte
ARNOLPHE, AGNÈS.
ARNOLPHE, assis.:
Agnès, pour m'écouter, laissez là votre ouvrage.
Levez un peu la tête, et tournez le visage.
Là, regardez-moi là, durant cet entretien:
Et jusqu'au moindre mot imprimez-le-vous bien.
Je vous épouse, Agnès, et cent fois la journée680 Vous devez bénir l'heur de votre destinée:
Contempler la bassesse où vous avez été,
Et dans le même temps admirer ma bonté,
Qui de ce vil état de pauvre villageoise,
Vous fait monter au rang d'honorable bourgeoise:
Et jouir de la couche et des embrassements,
D'un homme qui fuyait tous ces engagements;
Et dont à vingt partis fort capables de plaire,
Le cœur a refusé l'honneur qu'il vous veut faire.
Vous devez toujours, dis-je, avoir devant les yeux
Le peu que vous étiez sans ce nœud glorieux;
Afin que cet objet d'autant mieux vous instruise,
À mériter l'état où je vous aurai mise;
À toujours vous connaître, et faire qu'à jamais
Je puisse me louer de l'acte que je fais
Le mariage, Agnès, n'est pas un badinage.
À d'austères devoirs le rang de femme engage:
Et vous n'y montez pas, à ce que je prétends,
Pour être libertine et prendre du bon temps.
Votre sexe n'est là que pour la dépendance.
Du côté de la barbe est la toute-puissance.
Bien qu'on soit deux moitiés de la société,
Ces deux moitiés pourtant n'ont point d'égalité:
L'une est moitié suprême, et l'autre subalterne:
L'une en tout est soumise à l'autre qui gouverne.
Et ce que le soldat dans son devoir instruit
Montre d'obéissance au chef qui le conduit,
Le valet à son maître, un enfant à son père,
À son supérieur le moindre petit frère,
N'approche point encor de la docilité,
Et de l'obéissance, et de l'humilité,
Et du profond respect, où la femme doit être
Pour son mari, son chef, son seigneur, et son maître.
Lorsqu'il jette sur elle un regard sérieux,
Son devoir aussitôt est de baisser les yeux;
Et de n'oser jamais le regarder en face
Que quand d'un doux regard il lui veut faire grâce,
C'est ce qu'entendent mal les femmes d'aujourd'hui:
Mais ne vous gâtez pas sur l'exemple d'autrui.
Gardez-vous d'imiter ces coquettes vilaines,
Dont par toute la ville on chante les fredaines:
Et de vous laisser prendre aux assauts du malin,
C'est-à-dire, d'ouïr aucun jeune blondin.
Songez qu'en vous faisant moitié de ma personne;
C'est mon honneur, Agnès, que je vous abandonne:
Que cet honneur est tendre, et se blesse de peu;
Que sur un tel sujet il ne faut point de jeu:
Et qu'il est aux enfers des chaudières bouillantes,
Où l'on plonge à jamais les femmes mal vivantes.
Ce que je vous dis là ne sont pas des chansons:
Et vous devez du cœur dévorer ces leçons.
Si votre âme les suit et fuit d'être coquette,
Elle sera toujours comme un lis blanche et nette:
Mais s'il faut qu'à l'honneur elle fasse un faux bond,
Elle deviendra lors noire comme un charbon.
Vous paraîtrez à tous un objet effroyable,
Et vous irez un jour, vrai partage du diable,
Bouillir dans les enfers à toute éternité:
Dont vous veuille garder la céleste bonté.
Faites la révérence. Ainsi qu'une novice
Par cœur dans le couvent doit savoir son office*,
Entrant au mariage il en faut faire autant:
Et voici dans ma poche un écrit important
Qui vous enseignera l'office de la femme.
J'en ignore l'auteur: mais c'est quelque bonne âme.
Et je veux que ce soit votre unique entretien.
(Il se lève.)
Tenez: voyons un peu si vous le lirez bien*.
AGNÈS lit.LES MAXIMES DU MARIAGE
OU LES DEVOIRS DE LA FEMME MARIÉE,
AVEC SON EXERCICE JOURNALIER.
Ire. MAXIME.
Celle qu'un lien honnête,
Fait entrer au lit d'autrui:
Doit se mettre dans la tête,
Malgré le train d'aujourd'hui,
Que l'homme qui la prend, ne la prend que pour lui*.
ARNOLPHEJe vous expliquerai ce que cela veut dire.
Mais pour l'heure présente il ne faut rien que lire.
AGNÈS poursuit.IIe MAXIME.
Elle ne se doit parer,
Qu'autant que peut désirer
Le mari qui la possède.
C'est lui que touche seul le soin de sa beauté;
Et pour rien doit être compté:
Que les autres la trouvent laide.
IIIe MAXIME.
760 Loin, ces études d'œillades,
Ces eaux, ces blancs, ces pommades,
Et mille ingrédients qui font des teints fleuris.
À l'honneur tous les jours ce sont drogues mortelles.
Et les soins de paraître belles
765 Se prennent peu pour les maris.
IVe MAXIME.
Sous sa coiffe en sortant, comme l'honneur l'ordonne,
Il faut que de ses yeux elle étouffe les coups
Car pour bien plaire à son époux,
Elle ne doit plaire à personne.
Ve MAXIME.
770 Hors ceux, dont au mari la visite se rend,
La bonne règle défend
De recevoir aucune âme.
Ceux qui de galante humeur,
N'ont affaire qu'à Madame,
775 N'accommodent pas Monsieur.
VIe MAXIME.
Il faut des présents des hommes
Qu'elle se défende bien.
Car dans le siècle où nous sommes
On ne donne rien pour rien.
VIIe MAXIME.
780 Dans ses meubles, dût-elle en avoir de l'ennui,
Il ne faut écritoire, encre, papier ni plumes.
Le mari doit, dans les bonnes coutumes,
Écrire tout ce qui s'écrit chez lui.
VIIIe MAXIME.
Ces sociétés déréglées,
785 Qu'on nomme belles assemblées,
Des femmes tous les jours corrompent les esprits.
En bonne politique on les doit interdire;
Car c'est là que l'on conspire
Contre les pauvres maris.
IXe MAXIME.
790 Toute femme qui veut à l'honneur se vouer,
Doit se défendre de jouer,
Comme d'une chose funeste.
Car le jeu fort décevant
Pousse une femme souvent,
795 À jouer de tout son reste.
Xe MAXIME.
Des promenades du temps,
Ou repas qu'on donne aux champs
Il ne faut point qu'elle essaye.
Selon les prudents cerveaux,
800 Le mari dans ces cadeaux*
Est toujours celui qui paye.
XIe MAXIME...
ARNOLPHE:
ous achèverez seule, et pas à pas tantôt
Je vous expliquerai ces choses comme il faut.
Je me suis souvenu d'une petite affaire.805 Je n'ai qu'un mot à dire, et ne tarderai guère.
Rentrez et conservez ce livre chèrement.
Si le notaire vient, qu'il m'attende un moment.
SCÈNE III
ARNOLPHE:Je ne puis faire mieux que d'en faire ma femme.
Ainsi que je voudrai, je tournerai cette âme.
Comme un morceau de cire entre mes mains elle est,
Et je lui puis donner la forme qui me plaît.
Il s'en est peu fallu que, durant mon absence,
On ne m'ait attrapé par son trop d'innocence.
Mais il vaut beaucoup mieux, à dire vérité,
Que la femme qu'on a pèche de ce côté.
De ces sortes d'erreurs le remède est facile,
Toute personne simple aux leçons est docile:
Et si du bon chemin on l'a fait écarter
Deux mots incontinent l'y peuvent rejeter.
Mais une femme habile est bien une autre bête.
Notre sort ne dépend que de sa seule tête:
De ce qu'elle s'y met, rien ne la fait gauchir,
Et nos enseignements ne font là que blanchir.
Son bel esprit lui sert à railler nos maximes,
À se faire souvent des vertus de ses crimes:
Et trouver, pour venir à ses coupables fins,
Des détours à duper l'adresse des plus fins.
Pour se parer du coup en vain on se fatigue,
Une femme d'esprit est un diable en intrigue*:
Et dès que son caprice a prononcé tout bas
L'arrêt de notre honneur, il faut passer le pas.
Beaucoup d'honnêtes gens en pourraient bien que dire*.
Enfin mon étourdi n'aura pas lieu d'en rire.
Par son trop de caquet il a ce qu'il lui faut.
Voilà de nos Français l'ordinaire défaut.
Dans la possession d'une bonne fortune,
Le secret est toujours ce qui les importune;
Et la vanité sotte a pour eux tant d'appas,
Qu'ils se pendraient plutôt que de ne causer pas.
Oh que les femmes sont du diable bien tentées,
Lorsqu'elles vont choisir ces têtes éventées,
Et que... Mais le voici: cachons-nous toujours bien,
Et découvrons un peu quel chagrin est le sien.
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ACTE IV, SCÈNE PREMIÈRE
ARNOLPHEJ'ai peine, je l'avoue, à demeurer en place,
Et de mille soucis mon esprit s'embarrasse,
Pour pouvoir mettre un ordre et dedans et dehors,
Qui du godelureau rompe tous les efforts:
De quel œil la traîtresse a soutenu ma vue,
De tout ce qu'elle a fait elle n'est point émue.
Et bien qu'elle me mette à deux doigts du trépas,
On dirait à la voir qu'elle n'y touche pas.
Plus en la regardant je la voyais tranquille,
Plus je sentais en moi s'échauffer une bile,
Et ces bouillants transports dont s'enflammait mon cœur,
Y semblaient redoubler mon amoureuse ardeur.
J'étais aigri, fâché, désespéré contre elle,
Et cependant jamais je ne la vis si belle;
Jamais ses yeux aux miens n'ont paru si perçants,
Jamais je n'eus pour eux des desirs si pressants,
Et je sens là dedans qu'il faudra que je crève,
Si de mon triste sort la disgrâce s'achève.
Quoi? j'aurai dirigé son éducation
Avec tant de tendresse et de précaution?
Je l'aurai fait passer chez moi dès son enfance,
Et j'en aurai chéri la plus tendre espérance?
Mon cœur aura bâti sur ses attraits naissans,
Et cru la mitonner pour moi durant treize ans,
Afin qu'un jeune fou dont elle s'amourache
Me la vienne enlever jusque sur la moustache,
Lorsqu'elle est avec moi mariée à demi?
Non parbleu, non parbleu, petit sot mon ami,
Vous aurez beau tourner ou j'y perdrai mes peines,
Ou je rendrai ma foi, vos espérances vaines,
Et de moi tout à fait vous ne vous rirez point.
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