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قديم 12 / 01 / 2008, 57 : 07 PM   رقم المشاركة : [1]
أ. د. صبحي النيّال
ضيف
 


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Nathalie

Nouvelle de Abdouh Haqqi (Maroc)
Traduit de l'Arabe par Saïd M. Jendoubi (Tunisie/France)

Le savait-elle ? En rêvait-elle ? L’aigle de Srebrenica a perdu ses ailes et son bec crochu et, il est tombé dans le piège… dans la cage que lui a tendu la justice divine !

Nathalie est une petite fille de la taille d’une antique légende macédonienne… son histoire débuta la nuit pendant laquelle s’abattit l’aigle de Srebrenica sur un nid posé au dessus d’une cheminée qui soufflait la fumée d’une chaleureuse quiétude, un certain hiver chargé d’adversité…

Ce matin-là je cherchai Nathalie à l’école, sous un préau en tuiles monotones… je questionnai ses amies, ses camarades et les nuées d’hirondelles survolant les forêts de sapin et de chênes, sur le mont (Tiripvi ?) ; mais je ne trouvai que son testament, rédigé sur une ardoise éclaboussée par le sang de son grand père, sur le pont de Zenica… une ardoise que les lourdes chenilles des chars de combat avaient raté.

Le jour même où je fis la connaissance de Nathalie, au jardin Cirque Maximum, dans la banlieue de Rome, la nouvelle me foudroya… mon compagnon me dit : « regarde là-bas, l’homme allongé sur le tapis turc… cet homme à la barbe grisonnante et soignée et, au visage ridé. Cet homme débordant de gaillardise, n’est pas, en fait, son père naturel… C’est ce que m’affirma le douanier assis dans la pièce aux vitres foncées… ce fonctionnaire noyé dans son uniforme sombre, sur la frontière Sud avec l’Italie… »

« Nathalie est une fille bosniaque d’un village nommé Khorana. Vas là-bas, et tu verras que son petit bateau en papier flotte encore sur le fleuve Khorana ! » Il alluma une cigarette, balança sa capuchon à l’arrière et ajouta : « les milices de Slobodan ont exterminé toute sa famille. » Il répéta cette phrase une deuxième fois, puis, à la troisième fois, il fit signe de sa main qui tenait la cigarette. À ce moment-là, une question énigmatique se posa à mes compagnons, le caméraman et le technicien du son, ainsi qu’à moi-même : pourquoi avait-elle survécu au massacre ? On s’interrogea sur cet ange bienveillant que la grâce divine avait envoyée, la préservant de la lame qui trancha, froidement, mais avec une haine profonde, une multitude de cous lices et frêle.

Nathalie n’a pas grandi… la voilà qui s’amuse devant moi… elle court et joue à cache-cache sous les gros rochers, dans les cachettes et sur les escaliers de Cirque Maximum, dans la banlieue de Rome, avec ses amies, des petites africaines et des enfants d’immigrés clandestins marocains.

Lorsque j’ai su son histoire, je l’ai immédiatement interrogé… je l’ai regardé dans ses yeux qui ressemblaient à deux olives… elle m’a parlé dans un italien parfait, mais avec un accent marocain. Oh ! si Nathalie grandissait… si elle savait l’histoire du petit bateau en papier, resté orphelin sur le fleuve Khorana… si elle se rappelait de l’ardoise, de la craie et de la colombe.

Le vieux, que les immigrés appelaient Ali Izetbegovic, me dit sur un ton coléreux : « ces salauds de serbes qui logent ici, avec nous … ces malades lui chuchotent, à demi-mot, la vérité chaque fois que je donne des coups de pied à leurs chiens… où est-ce qu’on va fuir ensemble maintenant ? Partout dans le monde, il y a des casques bleus, de l’extrême Asie jusqu’à la Côte-d’Ivoire… Nathalie est tout ce qui me reste… je l’ai adopté par l’intermédiaire de La Croix Rouge… celle-ci l’avait recueillie auprès d’une unité de l’armée de l’OTAN, avec des dizaines d’enfants bosniaques… Vous savez de quoi je rêve, monsieur ? Vous savez ? Je rêve que Nathalie ne grandit jamais ! Oh ! Je crains qu’elle grandisse et qu’elle retourne au village de Khorana, à la recherche de son ardoise, de sa colombe et de son petit bateau en papier flottant sur le fleuve calme.

Dans le restaurant Dolce Vita, nous mangions, Sofia -ma voisine de l’étage en dessous et correspondante du journal Corriere della sera- et moi, une pizza ; soudain, nous parvint du côté du comptoir en bois, situé juste derrière nous, une voix indistincte. Était-ce la voix d’Euronews, ou bien celle d’un ivrogne parlant de Slobodan Milosevic qui vient de succomber, subitement, à une crise cardiaque ? Sofia replia le journal et me lança un regard énigmatique, comme celui de Nathalie ; elle sirota ce qui restait au fond de sa bouteille de Coca-cola et laissa pendre sa lèvre inférieure, incrédule. Je compris ce qu’elle ressentait. L’homme qui était derrière nous, ajouta avec un fort accent slave : « une crise cardiaque ! Ha… ha… ha… c’est un jeu de dupes ! »

نور الأدب (تعليقات الفيسبوك)
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