الموضوع: L'attente - 1-2-3
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قديم 30 / 01 / 2008, 20 : 03 PM   رقم المشاركة : [1]
رشيد الميموني
أديب وقاص ومترجم أدبي ويعمل في هيئة التدريس -عضو الهيئة الإدارية / مشرف عام على المنتديات والأقسام / نائب رئيس رابطة نور الأدب


 الصورة الرمزية رشيد الميموني
 





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اصدار المنتدى: المغرب

L'attente - 1-2-3

L'attente -1</B>



L’attente
Jamais, l’on ne pourra t’oublier,ni te chasser des esprits ,
car …tout simplement , j’aime à la folie ,tes yeux
&Ocirc; charmante fille des grenadiers ,aux seins d’orange !
Alors.. pourquoi nous faire attendre ?

« Ouyoune » racontent les légendes , était une sirène pourchassée de son royaume « Paradis » , au pays de luth , d’ambre et de poésie . Puis , arrivée sur la côte d’encens , de hinné et de marabout , elle fut accueillie avec révérence par les indigènes , éblouis par le charme que lui procuraient la pure
té de sa peau et , surtout la noirceur mystérieuse de ses grands yeux .
Elle était d’un savoir incomparable , un refuge indécevant .. Aussi , tout individu n’avait-il sur les lèvres que le nom d’ « Ouyoune ». Comment ne pas reconnaître que , grâce à elle, les sources jail lirent et mirent fin à des conflits sanglants une fois que les eaux eurent tari ? et qu’à peine se fut-elle installée que les grenadiers fleurirent et que l’on n’eut plus besoin de sacrifier autant de bœufs sur le seuil d’un « Siyid »(saint) ?
Certes , elle était pour quelques uns un porte malheur et que l’on n’hésita point à orner les portes de formes et d’images susceptibles d’éloigner le mauvais œil , craignant qu’une malédiction divine ne s’abatte sur le Bled .Or , son indifférence et son extrême confiance en elle-même firent reculer tous les médisants . Ainsi , lorsque le jour expirait , elle se trouvait soudain seule et se livrait , alors , à ses cha grins ; retenant sa profonde nostalgie pour ceux qu’elle fut contrainte de quitter et chantonnait :
Rapportez , &Ocirc; mille et une nuit
La nuée embaumée , car l’amour
Se désaltère de rosée de l’aube .
Combien de temps passa depuis que les astrologues ont prophétisé de l’extinction d’une étoile ? Cela a suffi pour que l’on se paniquât et que l’on s’attendît à l’approche imminente du jour de la résur- rection..Que de gens s’adonnèrent , alors , aux pratiques ferventes et aux longues prières nocturnes .On nomma l’argent « ordure » de ce monde . Dorénavant , tout a changé...même Ouyoune . Elle n’est plus celle que connurent les anciens : parents et ancêtres .Elle n’a plus cette renommée tant convoitée ,ni ce savoir tant envié . On raconte qu’elle parvient à peine à lire , voire même à déchiffrer un certain nom- bre de « Talacims »qu’elle obtient des «Fkihs » dans les différents marabouts . Menant une vie de plus en plus isolée , elle n’est plus cette créature pleine de vivacité et de gaieté ; cet être charmant qui em - brassait la lune , interrogeait les étoiles , se fondait dans la nuit , se levait avec l’aube et souriait au so- leil … Ceux qui ont le privilège ou , plutôt la chance de la croiser sur le chemin menant au cimetière ,
prétendent que son cœur a perdu tout signe de pitié qui , jadis , caractérisait son âme et dont beaucoup de monde profitait . Comment ? Pourquoi ?..Dieu seul le sait . Mais certains disent , d’autres affirment à tort ou à raison qu’Ouyoune fut victime de la calomnie , de la jalousie , de la haine …de l’amour . Eh oui ! Il est de l’amour qui tue et , « quand le bœuf s’écroule , dit le dicton , les lames se multiplient . »
L’eau pure des sources qui descend sinueusement du haut des montagnes en chantonnant , perd de
fierté et de pureté en allant tout bas embrasser les ondes troublées des fleuves ou les vagues salées

des mers…La colombe qu’une balle atteint en plein ciel , choit , tachée d’un pourpre , en se couvrant de poussière du sol , après avoir survolé ivrement les collines…La feuille qui a vécu longtemps hautai- ne, embrassant son chêne tant aimé, se voit contrainte à s’en séparer en se balançant pour aller se sou- mettre au pied de l’arbre , fanée , sèche , mesquine ...et le cœur ?..oui , le cœur orgueilleux , puis bles- sé et humilié , ne se trouve-t-il pas condamné à vivre aveugle , sourd , exposé aux pires des sentiments si sentiment il y a ?..qu’allez-vous donc oser dire de moi ?..cruelle , sadique? et , ce parce que ça vous paraît étrange qu’une mère reçoive une aussi mauvaise nouvelle avec tant de joie , et que son cœur pal- pite de bonheur en apprenant que son fils unique gît dans un état critique ?.. J’avoue que c’est vrai , je suis heureuse…très heureuse . »
Elle ne se rappelle même pas comment elle a quitté sa demeure et quand elle s’est élancée dans les rues sans s’occuper de sa coiffure , entraînant de lourds sabots à travers le long sentier qui serpente entre les arbres géants jusqu’où se dresse le petit marabout dominant la vallée .
Le lieu régorge de lumière nocturne provenant d’une lune en pleine croissance , masquée par un nuage égaré .Le parcours lui paraît interminable : ça ressemble à un rêve , mais un rêve flou , ambigu , quasi obscur .
A un certain moment , elle n’éprouve aucun sentiment tant elle est abasourdie depuis qu’on l’a avertie de l’incident : le jeune homme fut pris d’une hystérie démoniaque suite à une querelle houleuse avec son épouse . Certes , les disputes et les malentendus étaient devenus fréquents ces derniers temps, mais cela finissait toujours par une réconciliation malgré les longues séparations ; et ce grâce aux bons auspices des proches et des voisins . Cependant , au moment où tout individu ne s’empêchait d’expri – mer sa satisfaction , Ouyoune , elle, se sentait malheureuse , misérable , de plus en plus seule . Rien ne lui était aussi amer que cette page qui se tournait ou que ces querelles qui s’oubliaient vite . Nul ne ren dait son âme aussi gaie que les échos lui rapportant les divergences conjugales des deux jeunes maris et la prospective d’un divorce imminent .
« - Maintenant , c’est fini Il est à moi seule . Je le tiens et je le récupère . »…Jadis , elle avertissait sa bru : « Tu m’as arraché mon gars , mais ce ne sera pas pour longtemps . Un jour ou l’autre il me revien dra et te raiera de sa vie que tu as salie .. et , rira mieux celui qui rira le dernier. »
Elle s’engagea alors dans une lutte acharnée ; consultant les voyants , visitant les marabouts , frap- pant aux portes des sorciers, des charlatans qui , tenant compte de sa soif enragée de vengeance, la cou vraient de talismans et l’incitaient à des pratiques étranges voire indécentes .
En ce moment ,son esprit demeure fort occupé ,aussi ne se rend-elle pas compte de l’air sombre et étrange du guérisseur dont les grandes mains ne cessent de tapoter sur ses épaules presque nues en al- lant caresser craintivement sa poitrine essoufflée . Elle soupire en apprenant qu’elle était la première à arriver auprès de l’infirme . Et... à peine s’est- elle installée au chevet du lit , qu’elle se tourne vers
L’homme en Gandoura blanche qui la contemple en silence avec des yeux enfoncés dans leurs arcades
sourcilières , d’où provient une lueur mystérieuse qui la fait tressaillir :

« - N’est-il pas vrai , Sidi , qu’un possédé ne puisse tolérer une vie conjugale ?
- Oh , réplique l’autre en avalant sa salive avec un léger sourire , ce qui compte maintenant , c’est sa santé . Le traitement sera long , dur et…payant . Mais ne crains rien ..on est là pour servir le Seigneur et prêter main forte à ses humbles créatures . Veillez seulement à ce que rien ne lui manque . Et s’il ar- rive quoi que ce soit tu n’as qu’à m’appeler . Je ne serai pas loin .va te reposer toi aussi car je vois que
tu es trop fatiguée pour veiller toute la nuit . Viens dans ce coin.. »
Il lui montre un matelas usé au pied du lit , puis l’aide à se lever avec ses longs bras qui entourent totalement son corps en s’appuyant nonchalamment sur ses seins dressés , et après l’avoir caressée une nouvelle fois , il se tourne et s’enfonce dans l’ombre .
Le jour se lève , le gravier ne cesse de crisser . Ouyoune observe d’un œil inquiet l’arrivée de cer- taines personnes qui « tentent l’impossible : éviter l’inévitable . »
« - Mon Dieu , que c’est long , la journée !..Et ce va-et-vient !..Et ces visages atroces feignant la sincé- rité et la bonne intention !..Quand est-ce que cette nuit va enfin arriver ? »
Elle s’oppose fermement à ce que sa bru voie son époux ,encore moins s’occuper de lui , et crie à qui veuille l’entendre : « C’est fini . Il est à moi maintenant , et rien ne les unit désormais ! »
La nuit , le calme, le fils et elle..Y a-t-il encore de plus beau ? La voilà au comble de sa joie , s’as- seyant , se levant , mettant quelque chose en ordre sans quitter des yeux le corps étendu :« Il est à moi.. comme il l’était dans le temps… à moi sa mère qui l’aime et qui ne pense point à le tuer . Lui aussi , il m’aime comme jadis , avant qu’on me le happât .. Est-ce la fin de mes souffrances ?..Vais-je enfin sa – vourer quelque bonheur dont j’ai oublié le goût ? »..Sa vie , se plaint-elle , n’est , depuis sa naissance , qu’une série de tragédies et de chagrins .On a violé sa jeunesse avant qu’elle succombât aux désirs aus si bien des proches que des étrangers .Que de temps s’est écoulé depuis lors! Et comme elle est doulou reuse l’expérience dont elle ne garde, à présent , qu’un vague souvenir , une cicatrice au cœur et un fils qu’elle a eu à son insu .
Si mon âme gémit , nul ne pourrait l’entendre .
Or mon cœur hésite quand il voudrait se plaindre .

A suivre


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