[align=center]Englouti par le néant
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Je voguais depuis bien longtemps, dans une mer calme ou presque, sous un ciel dégagé de tout nuage. L’eau de mer limpide et transparente laissait voir les bancs de poissons qui nageaient avec allégresse, une douce brise caressait mon visage rayonnant de joie et de bonheur. Ma modeste âme, calme et sereine se réjouissait d’avoir ce petit paradis terrestre.
Brusquement, et sans préavis, le ciel s’obscurcit, annonçant un grand orage qui ne prédit rien de bon, les vagues commencèrent à se gonfler et à monter de plus en plus haut. Un vent violent soufflait de toutes ses forces balayant tout sur son passage, l’eau de couleur azur, perdait elle aussi de son charme et de son aspect magique. Le tonnerre grondait, émettant un bruit assourdissant et insupportable, l’éclair aveuglait la vue de quiconque osait le regarder. La pluie tombait sur le petit navire par flots, celui-ci était devenu comme une brindille s’agitant avec désespoir dans cette atmosphère inhospitalière écumante de rage et de haine, on aurait dit que c’était le jour de l’apocalypse.
Le petit navire, qui était depuis fort longtemps dirigé par un capitaine bien expérimenté et qui savait le protéger et le chérir comme sa propre personne, cette fois-ci n’y put rien, ni par son courage ni par son expérience pour lui venir en aide. Rien ne pouvait le sauver de son destin.
La petite embarcation n’était plus qu’une forme fantomatique, chavirant à la dérive sans aucun but précis, à la merci des forces maléfiques et dévastatrices de la (nature), annonçant le début d’une tragédie comme il y en a d’autres partout dans le monde sans que personne y prétât attention, ne se souciant que du bien-être de soi, et que tous les autres aillent en enfer.
Pour le petit navire et son audacieux commandant, c’était la fin d’une aventure, la fin d’une vie tout entière qui défila devant les yeux de l’aventurier téméraire en agonie en une fraction de seconde, sillonnait la mer comme une simple épave sans valeur. Le petit navire échoua enfin éventré, et déchiqueté par les bords aiguisés et tranchants des récifs, comme pour lui donner le coup de grâce, une partie s’envola en éclats, en mille morceaux dispersés aux alentours de l’épave qui résistait un laps de temps, puis sombra, engloutie par la mer, plongée dans l’oubli et le néant. Le théâtre de la vie baissa son rideau pour mettre fin a cette tragédie, comme si ce navire n’avait jamais existé, laissant place à d’autres naissances, et d’autres tragédies comme celle-ci, symbolisant: la vie et la mort, la joie et l’amertume.


. Mahboubi Mohamed
à Casablanca

Le : 13.03.2004