Sistani : Le marabout reste toujours un marabout
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Le siège de Nadjaf est levé, les miliciens ont quitté le soi-disant mausolée d’Ali. Le plan du perse Ayatollah Sistani semble fonctionner. Du moins pour le moment… Qu’en disait le florilège de Sistani, le perse prétentieux, le perse ressortissant de la généalogie prophétique, il lui manque néanmoins un quartier de noblesse : « l’appartenance arabe ». On lui a insurgé une question : « Mohammed, est-il un arabe ? ».
En évoquant Nadjaf, sa ville natale, dans l’introduction de son roman Idha al-Ayamou Aghsaqat, (« Jours au crépuscule » non traduit en français), la romancière irakienne Hayet Charara écrit que la Ville sainte chiite « exporte les turbans et importe les enterrements ». Elle faisait allusion aux milliers d’Imams, Hodjatoleslams et autres Ayatollahs qui sont formés dans les écoles religieuses de cette vieille cité et aux incessantes processions funéraires qui la traversent, de jour comme de nuit, ramenant les morts des confins du monde chiite. L’ancienne professeur de littérature russe à l’université de Bagdad n’a pas vécu assez longtemps (elle s’est suicidée pour échapper à la soi-disant répression du régime totalitaire de Saddam Hussein) pour voir les Oulémas enturbannés, jadis brimés par Saddam Hussein, se découvrir d’irrépressibles ambitions politiques, marginalisant au passage des leaders « classique » (anciens agents de renseignement ou chefs de partis archaïques et sans assise populaire). Quant au morts, la ville n’a même plus besoin de les « importer », puisqu’il en tombe des dizaines chaque jour dans ses rues poussiéreuses, martyrs anonymes d’une cause incertaine ou victimes « collatérales » d’une guerre impériale américaine.
Nadjaf qui, depuis quinze siècles, vit le deuil comme don d’Allah, n’a donc pas fini d’enterrer ses morts. Madinat Essalam (cité de la paix), comme aiment l’appeler les chiites, a été embarquée malgré elle dans une guérilla menée par Jaich al-Mahdi (« l’armée du Mahdi »), une bande de va-nu-pieds. Assiégée, depuis quelques mois, par la redoutable armada américaine assistée de la gouvernementale. Les pierres saintes de Nadjaf sont désormais injuriées par les impacts d’obus et sa population terrée dans les maisons, élevant des prières à Allah, à Mohammed, à Ali et à tous les imams saints du rite chiite révolu, la « cité des morts » qui loge 800000 âmes-a-t-elle été sauvée in extremis par l’Ayatollah al-Osma Ali Sistani, le perse détenteur du pouvoir religieux d’au summum en Irak ? Le vieillard de culte âgé de 80 ans s’assignait le sauvetage de la ville sacralisée. Tout porte à le croire, car le retour du chef de la hawza ilmiya, la direction religieuse supérieure, a mis fin, comme par miracle, aux combats opposant les partisans de Sadr, le turbulent imam, et les forces américaines. Il est à savoir que le vieux rêve de Sistani est le dépérissement de la spécificité arabe de l’Irak et notamment de la confession chiite transformée en une clique criarde intentant d’instaurer un régime khomeyniste en Mésopotamie.
Ayant gagné le pari de rallier à son combat un grand nombre d’Irakiens fourvoyés, Sistani menait de main de maitre la résistance iranienne et semblait jongler entre Irak Arabe et Irak populiste en une seule et étrange stèle factice. Le président spirituel dissimulant une autorité administrative inviolable dépense ses derniers moments loin du peuple agité, il émet quelquefois des prescriptions exorbitantes du Droit et de Politique, mais aucune entité politique Irakienne formelle ne critique ses atouts directionnels à l’exception du mouvement arabiste et sunnite qui invite Ayatollah Sistani à exercer équitablement ses larges prérogatives religieuses et à contribuer au maintien moral et fonctionnel de l’Etat unitaire fondé par Saddam Hussein.
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