|  04 / 04 / 2008, 23 : 08 PM | رقم المشاركة : [1] | 
	| أديبة ومترجمة / مدرسة رياضيات 
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				A Mme Lullin. Voltaire
			 
 A Mme Lullin Hé quoi ! vous êtes étonnée
Qu'au bout de quatre-vingts hivers,
Ma Muse faible et surannée
Puisse encor fredonner des vers ?
 
Quelquefois un peu de verdure
Rit sous les glaçons de nos champs ;
Elle console la nature,
Mais elle sèche en peu de temps.
 
Un oiseau peut se faire entendre Après la saison des beaux jours ;
 Mais sa voix n'a plus rien de tendre,
 Il ne chante plus ses amours.
 
 Ainsi je touche encor ma lyre
 Qui n'obéit plus à mes doigts ;
 Ainsi j'essaie encor ma voix
 Au moment même qu'elle expire.
 
 "Je veux dans mes derniers adieux,
 Disait Tibulle à son amante,
 Attacher mes yeux sur tes yeux,
 Te presser de ma main mourante."
 
 Mais quand on sent qu'on va passer,
 Quand l'âme fuit avec la vie,
 A-t-on des yeux pour voir Délie,
 Et des mains pour la caresser ?
 
 Dans ce moment chacun oublie
 Tout ce qu'il a fait en santé.
 Quel mortel s'est jamais flatté
 D'un rendez-vous à l'agonie ?
 
 Délie elle-même, à son tour,
 S'en va dans la nuit éternelle,
 En oubliant qu'elle fut belle,
 Et qu'elle a vécu pour l'amour.
 
 Nous naissons, nous vivons, bergère,
 Nous mourons sans savoir comment ;
 Chacun est parti du néant :
 Où va-t-il ?... Dieu le sait, ma chère
 نور الأدب (تعليقات الفيسبوك)
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